Je suis Waka-waka
fils de l'apocalypse papa du vent
enfant des pastèques frère des petits pois
amant des cornichons cousin des perditions
je suis waka waka
gourou des espaces doux
manitou des marasmes mous
doudou des dodos dodus
sous les couettes tièdes comme des feuilles d'artichauts
je suis waka waka l’endormi
le songeur qui en rêve se voit
en songe se boit comme une limonade astrale
je suis waka waka
en 2046 toutes les tulipes sont mortes et je viens de là
toutes les tulipes mortes dans de maléfiques chagrins et je viens de là
les pétales épilés et je viens de là
les arbres la sève à poils
et les racines clouées à la tempête
je viens de là j'ai tout vu
l'océan qui remonte sa culotte
le ciel qui referme sa braguette j'ai tout vu
Venise engloutie comme une vessie et la Floride qui a pris des rides
Paris qui sent le poisson chat
Les Pays-Bas encore plus bas
La Chine qui courbe l’échine
Las Vegas qui flambe
Comme une quiche oubliée
J’ai tout vu je viens de là
Je suis waka waka
marin des fantasmes de Marie qui marinent ses varices
charretier fêlé qui décoiffe le chapelier fou
neige qui tombe en été
pluie qui grouille comme les grenouilles dans du fenouille
tempête de mouquile sur les montagnes malades
je suis waka waka
prince des abysses et des pastis
je suis waka waka et je ne fais pas caca
car mes boyaux se replient dans la boucle des loops infinis de ma bouche immuable
et mon kayak vole au-dessus des destructions
d'archipels mortes en archipels mourantes mon kayak vogue
d’azur en turquoise mon kayak vague
je suis waka waka
président du monde
les hommes à ma botte me cire les pompes
et je pompe du ciel la substance des dieux égyptiens
à la paille s'il vous plaît je bois Râ et Osiris
à la paille s’il vous plaît
je suis waka waka
je ranime les macchabées qui prennent leurs aises sans leur chair
et avec mes nouveaux amis squelettes
je fais de grandes fêtes
où chacun se suce le bout des os
se lèche les vertèbres comme des glaces à l’eau
danse macabre sous des macarenas en fracas et le fatras des rats
je suis waka waka
j'ai collé des post-it sur la lune
pour dessiner des bites
et j’ai relié huit étoiles cochonnes
pour former la constellation du vagin
je suis Waka-waka
et j'ai une grosse tête de trois milliards de centimètres
sur mille millions de décimètres
on peut y bâtir des villes on peut y bâtir des villas on peut y bâtir des piscines et des
vérandas
des cabanes de jardin
des étangs municipaux
et un marché le dimanche
je suis waka waka
j'ai vu des baleines dormir sur des hamacs en peau de punk
et en peau de chien mêlée
je suis waka waka celui qui a tout vu
j’ai vu des frigidaires qui avaient froids dans le dos et des feux qui fondaient
j’ai vu des dessins de chameau qui ressemblaient à des anacondas
et des dessins d’anacondas qui ressemblaient à des chiwawa
des idéogrammes de Madona avec le corps de Maradona
des spectrogrammes d’Antonin Artaud greffé à des anagrammes de Victor Hugo
je suis waka waka
le poète tiède le marabout qui boue
qui boue et boue et boue boue boue
j'ai mes lèvres comme des coquilles vides
des crocodiles fluides
mes œufs sont tous partis
aux quatre coins des horizons
ébahis comme des tranches de jambon
je suis waka waka
mes yeux forment des douves dans lesquelles se noient les chevaliers
bêtes à pleurer
les héros larmoyants moyens et les destins à l'huile de rose molle
mes paupières raclent les mégapoles comme des cerfs-volants
et je fais de gros tas de villes comme de gros tas de feuilles mortes
et ensuite les scarabée dorment dedans
avec les souris vertes et les vieux opossums
je suis waka waka celui qui sait tout
mais qui espère ne rien connaître
celui qui porte sa bave comme un couteau
sa gorge comme un fourreau
qui n'a pas peur de la grande ours
et des pokémons de type lave
je suis waka waka
je me ceinture aux cordons de la bourse
et mange du pognon dans un grand bol de lait bio
chaque matin avec mon jus d’intérêt personnel
je suis waka waka
le samouraï qui débite la nuit en cube de concombre noire
et la lune en morceau de fesses phosphorescentes
je suis waka waka
et je n'ai rien à voir avec Shakira
ma bouche est un sceptre et mes yeux des tamagotchis grigris
et tous les deux jours quand le monde c’est de la merde je le change
et il fait des bip de remerciement
bip bip bip
je suis waka waka maître des punaises de lit
à marseille je les vomis comme des bigoudis
je suis le nerf de la guerre et l'opium des peuples
je suis sur BFM de 17h à 18h où je baille au corneille
des infos de merveille
je suis waka waka
seigneur des capuches quand il ne pleut pas
sommelier des pommes de terre qui ne s'épluchent jamais
grand ordonnateur des ordonnances désordonnées
grand donneur de leçon qui n’en a pas à recevoir
je suis waka waka
je me glisse sous la peau de tes amis et je les fais rire à tes blagues nulles
je me glisse sous ton tapis de bain et tiens chaud à tes orteils givrés
je dégrafe de mes dents l'herbe fraîche du printemps
je mange cent papillons à la fourchette
et 20 coccinelles à la cuillère
je suis waka waka roi des pyjamas
prince des kimonos
je manie le katana comme un koala
je suis waka waka l’invertébré qui fait des rimes d’un air timbré
ma bave auréole piège l’écho des dauphins idiots
le oui des ouistitis
le ian des ânes
je suis waka waka le stagiaire des entreprises interstellaires
qui achètent des planètes à la casse les retapent et font des mondes
avec des rivières des continents des poissons des oiseaux et des lapins
tout ce qu’il faut
je suis waka waka l’imposteur qui fait des bulles avec sa bouche
des prouts avec ses mains
des clacs avec ses dents
des meuh avec sa boîte à meuh
je suis waka waka
et je suce les tétons bleus
du ciel qui me verse
le lait surgras des étoiles
pas pareilles.